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GWEN, PRINCESSE D’ORIENT

Un des jours suivants, Dougual se rendit au pavillon, imitation de temple hindou, qui s’élevait au bord du petit lac fleuri de nénuphars. Il s’étendit sur le divan, parmi les coussins brochés d’or et de soie pourpre. Les yeux mi-clos, il se laissait emporter vers le passé ; il revoyait chacun de ses séjours ici, dans ce Kermazenc dont il aimait l’étrange mélancolie, le charme singulier, cet antique domaine, autrefois repaire de pirates qui, au long des siècles, s’étaient mués en sujets — fort peu soumis — des ducs de Bretagne et avaient apaisé leur héréditaire passion de l’aventure dans de lointains voyages aux pays alors mystérieux, d’où ils avaient rapporté de fabuleuses richesses. Il l’avait aussi dans l’âme, cette passion — et Gwen de même, Gwen, une vraie Dourzen, celle-là, physiquement aussi bien que moralement. Ce n’était pas comme ce pitoyable Hervé, descendant déchu de la noble race au sang violent, au cœur impétueux.

Mlle Herminie, par exemple, pouvait revendiquer quelques-uns des défauts et qualités de la race. L’esprit d’aventure, en tout cas, la possédait fortement. Toute sa vie, jusqu’à ces dernières années, elle avait voyagé aux quatre coins du monde. Sous ce rapport, elle était digne du nom de Dourzen.

Dougual, par la pensée, revoyait le laid visage, la grande bouche spirituelle, les yeux pé-