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GWEN, PRINCESSE D’ORIENT

moi aussi, moi, le dédaigné, le paria, je souhaitais passionnément la réalisation de ces desseins, l’élévation quasi divine de celui que je croyais être mon frère. Je rêvais d’être un jour le premier ministre de cette divinité, de devenir le premier dans sa confiance, dans sa faveur. Et j’étais jaloux de tous ceux qu’il semblait me préférer. Je détestais le Chinois Wou, son serviteur favori. Je détestais jusqu’aux animaux qu’il aimait… Et voilà qu’un jour vous êtes entrée dans sa vie…

Willy s’interrompit. Son brun visage avait un léger frémissement et l’éclat de ses yeux devenait plus dur encore.

— … Alors, vous, je vous ai haïe. Dès l’instant où je vous ai vue, j’ai eu l’intuition que Dougual était perdu pour ceux qui avaient préparé son prestigieux avenir. Mais sans cela même, je crois qu’une antipathie soudaine, irraisonnée, m’aurait porté à concevoir cette haine que vous m’inspirâtes aussitôt.

Gwen dit sourdement :

— Hélas ! vous êtes bien le fils de votre père !

— Oui, et je m’en glorifie !… Ah ! on ne se méfiait pas de Willy… de ce Willy qu’on méprisait, qu’on tenait pour un quelconque esclave ! C’est lui, pourtant, qui, aidé par un serviteur fidèle, a fait évader Ivor après avoir acheté l’un de ses gardiens et fait égorger