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GWEN, PRINCESSE D’ORIENT

— Seigneur !… Seigneur, que faire ? dit-elle en joignant ses mains glacées.

Elle se laissa glisser à bas du lit, se chaussa avec peine, car elle était très faible. Elle était encore vêtue de la robe d’intérieur en crêpe de Chine blanc qu’elle portait le soir de son enlèvement, sur cette terrasse où Dougual et elle causaient, dans la tiédeur de la nuit, face au lac. D’un pas chancelant, elle alla jusqu’au vieux prie-Dieu de chêne recouvert d’une tapisserie fanée et s’y agenouilla. La tête entre ses mains, le corps frémissant, elle jeta mentalement un grand cri d’appel désespéré vers le Tout-Puissant. Dans son cerveau, dans son cœur, tout était détresse, désespoir. Elle était aux mains du plus terrible, du plus implacable des ennemis. Avant d’avoir pu réfléchir à sa situation, elle sentait que, pour échapper aux filets d’un tel oiseleur, il fallait élever son espérance bien plus haut que les secours humains, car le démoniaque tourmenteur de Varvara n’aurait pas plus de pitié pour la fille qu’il n’en avait eu pour la mère.

Un coup fut frappé à la porte. Sans attendre la réponse, Mevada entra. Elle portait sur un vieux plateau de laque les éléments d’un petit déjeuner.

M. de Penanscoët est-il ici ? demanda Gwen.

— Non, il n’y a que M. Willy.