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GWEN, PRINCESSE D’ORIENT

vait soumettre l’Asie tout entière à un maître suprême, à un souverain mystérieux : l’Élu. Ils étaient prêts à déclencher l’action.

Celui qui, dans leur projet, devait devenir le maître absolu de centaines de millions d’êtres humains, qui verraient en lui une émanation de la divinité et, comme telle, lui rendraient un culte, adoreraient ses effigies comme ils le faisaient pour celles de Brahma, de Dourga, de Bouddha, était le jeune Dougual. Depuis sa plus tendre enfance, les deux hommes l’avaient formé pour cette destinée qu’on lui préparait, en exaltant son orgueil, en lui desséchant le cœur, en faisant de lui un monstre d’égoïsme et de cruauté, indifférent devant la souffrance des autres et capable de s’imposer par la terreur si besoin était.

Il semblait que leurs efforts avaient été couronnés de succès, car Dougual, prévenu du rôle qu’il aurait à jouer, était un vrai despote, n’obéissant qu’à son bon plaisir, pliant tout sous sa loi.

Enfoncé dans les épais coussins d’un divan de soie chinoise aux broderies multicolores, il buvait son thé à lentes gorgées, tandis que ses yeux semblaient rêver dans l’ombre des longs cils abaissés. Il avait ainsi la mine impassible, presque hiératique, que les religions d’Asie donnent à leurs idoles.

— Nous pourrons lancer le signal du sou-