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GWEN, PRINCESSE D’ORIENT

lui enlevait une partie de son énergie habituelle. Puis elle pensait qu’après tout Dougual, avec les moyens d’investigation dont il disposait, pouvait aussi bien la découvrir à Paris et que là, elle n’aurait pas la protection de Mlle Herminie contre lui — contre son amour.

Oui, c’était cette chose redoutable qu’elle fuyait : la lutte contre l’amour de Dougual et contre son propre cœur, déchiré par le désespoir de cette séparation.

Elle ne disait mot de son tourment à Mlle Herminie. Pas davantage, elle ne lui parlait de sa mère. D’ailleurs, elle restait longuement silencieuse, absorbée dans ses pensées, frissonnant près du feu de bois que Macha entretenait dans sa chambre.

Plus d’une fois, elle se prenait à songer : « C’est un mauvais rêve que je fais là… un rêve terrible ! Tout cela n’est pas vrai ! Le comte de Penanscoët n’a pas tué ma mère… je retournerai près de Dougual et nous continuerons d’être heureux, comme auparavant… »

Hélas ! il y avait dans l’armoire ce petit coffret d’ivoire où se trouvaient les preuves irréfutables… Rien ne pouvait prévaloir contre cette certitude : le père de Dougual avait empoisonné la mère de Gwen, après l’avoir, pendant plusieurs années, à la suite d’une odieuse tromperie, tenue dans un dégradant esclavage moral.