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VI.


Alix et ses frères allèrent présenter leurs vœux à M. de Regbrenz, qui les reçut avec la plus grande froideur. Mme Orzal demanda ironiquement à Gaétan s’il avait retrouvé son bateau.

— Non, répondit l’enfant. Si mon oncle avait voulu me prêter une pelle, je l’aurais bien eu tout de même, ajouta-t-il avec rancune.

— Qu’est-ce que votre oncle avait à faire dans cette histoire ? dit Georgina avec une certaine vivacité, en se penchant pour regarder l’enfant dans les yeux. L’avez-vous donc vu à Ker-Mora ?

— Certainement, répondit Gaétan sans s’apercevoir des signes discrets de sa sœur, et même il nous a très mal reçus…

— Comment cela ?… Raconte-le-moi, mon petit, dit Mme Orzal en posant sa main sur l’épaule du garçonnet.

Mais celui-ci venait de rencontrer le regard d’Alix plein d’une interdiction formelle…

— Oh ! il n’y a rien à raconter. Mon oncle a été très fâché de nous voir arriver chez lui pour avoir la pelle. Il l’a dit à Alix, qui m’a excusé… C’est tout simple, vous voyez, madame ?

Il fixait sur elle son regard clair et droit, étincelant d’intelligence, un peu hautain aussi — le regard de Gaétan de Sézannek aux jours de sa jeunesse. La main blanche quitta l’épaule de l’enfant