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ingénieux arrangements, les dentelles et les nœuds de satin mauve.

M. de Regbrenz ne prenait point part à la conversation, mais l’interrompait parfois pour récriminer sur les plats présentés par Mathurine. Les œufs n’étaient pas frais…, la sauce de ce poisson était atrocement mal faite… et ces poires cuites, dures comme la pierre !…

— Cette Mathurine cuisine abominablement…, je te l’ai déjà dit cent fois, Gina ! déclara-t-il à la fin du repas, en se versant un cinquième petit verre d’eau-de-vie.

— Eh bien ! père, nous prendrons une cuisinière un peu meilleure, dit paisiblement Mme Orzal. Aussi bien, Mathurine ne pourrait suffire, maintenant que nous sommes plus nombreux. Elle passera au rang de femme de chambre, ce qui lui conviendra beaucoup mieux, et j’irai chercher quelqu’un à Vannes ou à Lorient.

— À la bonne heure, voilà une excellente idée ! dit M. de Regbrenz qui semblait fort animé et s’essayait à redresser sa tête penchée. Tu nous feras servir des plats plus nombreux et mieux choisis, car j’en ai assez des ragoûts de légumes et des choux sans beurre… Et puis du bon vin, tu sais !

Il se leva lentement et saisit la canne posée près de lui… Mais une pensée subite lui traversa l’esprit.

— Où est donc Even ? Voilà trois jours que je ne l’ai vu.

Mme Orzal haussa légèrement les épaules.

— Il est sans doute en mer, ou à Ker-Mora…, à moins qu’il ne soit tout simplement dans la tour. Il réapparaîtra un de ces jours… Vous pouvez rentrer chez vous, enfants, ou aller dans le parc.

Ils ne se firent pas répéter l’invitation.