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débat. Il serait temps de le reprendre dans quelques jours, alors qu’il leur faudrait organiser cette nouvelle vie.

L’arrivée de miss Elson vint fort heureusement changer le cours des idées de Gaétan. À la suite de l’institutrice, les enfants descendirent sur la petite grève et se mirent en devoir d’explorer les rochers sous la conduite de leur sœur. Pour quelques instants, Alix oublia ses préoccupations et redevint enfant, imitant Gaétan qui sautait de roche en roche, sans plus songer aux farouches pensées de tout à l’heure.

Le petit garçon gagna ainsi le promontoire et la maisonnette trapue, hâlée par les embruns, crevassée sous l’assaut des furieuses tempêtes. Il jeta un regard à travers la vitre sale, couverte, à l’intérieur, d’épaisses toiles d’araignée, et, ne distinguant rien, souleva sans façon le loquet de la porte.

Une seule pièce composait cette petite maison. Le sol était en terre battue, des poutres enfumées traversaient le plafond et, sur les murs, noirs de propreté, retombaient les draperies grises et légères tissées par les diligentes araignées. Dans l’âtre primitif, faisant face à la porte, se dressait un amas de cendres et de débris carbonisés. Une table en bois brut, quelques misérables chaises dépaillées, une petite armoire de chêne aux sculptures naïves, mais charmantes, une sorte de lit en planche garni de varech et couvert d’une étoffe grossière, tel était l’ameublement de ce logis. Quelques engins de pêche pendaient au mur, ainsi que deux carabines élégantes, fort déplacées au milieu de cette misère.

— Gaétan ! quel sans-gêne ! s’écria Alix qui arrivait avec Xavier. Que fais-tu ici ?

— Je regarde… mais il n’y a rien à voir, dit-il dédaigneusement. Qui est-ce qui peut habiter dans une si vilaine maison ?