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Sans doute était-ce le sang des vieux Regbrenz, écumeurs de mer du temps jadis, hardis marins des siècles suivants, qui s’agitait dans les veines de leur descendante à la vue de l’élément superbe et terrible, leur dévorante idole ? Ils étaient nombreux, ceux de sa race qui avaient trouvé une sépulture dans ces profondeurs mystérieuses…, mais leurs enfants n’en avaient que plus ardemment aimé cet Océan meurtrier, honorant en lui, semblait-il, l’immense et mouvant linceul, la tombe glorieuse de leurs aïeux. Dans l’impression puissante ressentie par Alix, il y avait comme une révélation de cette passion ardente, de l’invincible maîtrise qui enchaînait ses ancêtres à la terrible charmeuse.

— Alix !

Elle se détourna brusquement. Près d’elle était Gaétan absorbé dans la même contemplation, mais Xavier ?… Déjà saisie de crainte, elle fit quelques pas et aperçut l’enfant sur une petite pente conduisant à une porte percée à la base de la terrasse.

— Que fais-tu là, Xavier ? Remonte bien vite !

— Non, je veux aller voir la mer tout près… Il y a une porte, là, dit le petit d’un ton plaintif.

— Nous n’avons pas la permission de l’ouvrir. D’ailleurs, la clef ne doit pas y être.

Descendant à son tour, elle vint près de la porte et constata qu’une énorme clef se trouvait dans la serrure rouillée. À sa grande surprise, elle la fit tourner facilement et entrouvrit un peu le battant… Là se trouvait une petite plage de sable fin, vers laquelle la marée montante roulait ses vagues courtes et écumeuses.

— Nous verrons tout à l’heure si miss Elson nous permet de sortir un peu, dit Alix en repoussant doucement son frère.

Au milieu de ses réflexions, elle leva la tête et regarda machinalement dans la direction du petit