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vif auquel vous n’êtes pas accoutumée, ma chère, et finissez de vous habiller afin que nous allions à la recherche d’un déjeuner quelconque. On ne voit ni n’entend rien, dans cette singulière demeure, malgré l’heure avancée.

Xavier frappait en cet instant à la porte de sa sœur, en demandant quand on irait voir la mer. Miss Elson se décida à descendre avec lui afin de trouver à qui parler, pendant qu’Alix achèverait sa toilette. Un quart d’heure plus tard, la jeune fille et Gaétan, après quelques tâtonnements à travers les longs couloirs, pénétraient dans la salle où ils avaient dîné la veille.

Miss Elson et Xavier étaient assis devant des tasses de grosse faïence, que Mathurine emplissait de lait chaud. À l’entrée d’Alix et de son frère, la Bretonne se détourna et fixa sur ce dernier un long regard ému. Elle leur souhaita le bonjour d’une voix un peu tremblante et les servit à leur tour, puis elle s’éloigna.

Cette salle à manger était véritablement peu attrayante, avec ses fenêtres étroites et hautes à vitraux sombres, son pauvre ameublement, ses murs couverts d’une laide peinture éraillée. Aussi l’Anglaise et ses élèves s’empressèrent-ils d’expédier le déjeuner afin de retrouver de l’air et de la lumière.

— Allons voir la mer, dit la petite voix claire de Xavier quand ils se levèrent de table.

— Tout à l’heure, mon enfant, répondit miss Elson tout en secouant les miettes de pain attachées à sa robe. Je vais finir de ranger là-haut et vous accompagnerai ensuite… à moins que… Le parc est-il très sûr pour des enfants ? demanda-t-elle à Mathurine qui entrait.

— Oh ! tout à fait, madame. Il est absolument clos et, tout au bout, une petite terrasse le ferme du côté de la mer.