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dirigeait la lueur de sa lanterne sur le petit groupe, et Gaétan apparut en pleine lumière, très éveillé, lui, et toisant d’un regard fier cette parente inconnue… Georgina devint blême et ses mains tremblantes s’empressèrent de poser à terre le petit Xavier.

— Rentrons, dit-elle brièvement en se détournant. Mathurine va nous éclairer et reviendra chercher vos sacs.

— Mais il y a encore miss Elson, fit observer timidement Alix.

— Ah ! c’est vrai, j’oubliais votre institutrice ! dit Georgina d’un ton sec en se retournant à demi vers la voiture où miss Elson rassemblait les menus paquets.

Mais, en voyant apparaître l’Anglaise, si correcte et si distinguée, elle changea d’attitude et lui adressa une phrase de bienvenue suffisamment aimable… Cela fait, prenant la tête du cortège, elle remonta le perron et s’engagea, à la suite de la servante, dans un étroit couloir qui débouchait dans un corridor immense. Mathurine ouvrit une porte et s’effaça pour laisser passer Georgina et les arrivants.

Alix vit une salle aux proportions grandioses, et, près de l’âtre vide, deux fauteuils occupés par un homme et une femme. Sous la lueur parcimonieuse d’une petite lampe, ces personnages somnolaient et ne bougèrent pas à l’entrée des voyageurs… Mais Georgina marcha vers eux et, secouant sans façon les fauteuils, dit à haute voix :

— Mon père, voici Alix de Sézannek et ses frères.

Ils redressèrent subitement la tête… Alix, s’avançant, rencontra un regard inconscient, un peu craintif ; elle vit un mince visage sillonné de rides, quelques boucles de cheveux blancs passant sous le bonnet de tulle noir fripé et verdi. Spontanément,