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tères, qui existait dans ceux de Gaétan enfant et d’Even tourmenté de remords.

Quand ils furent tout près de la maison, le jeune homme leva la tête et, reconnaissant sa cousine, la salua gaiement. Se penchant vers son oncle, il murmura quelques mots… Even inclina la tête et, appelant Xavier, s’éloigna vers la porte donnant directement sur le chemin, tandis que Gaétan entrait dans la maison.

— Qu’avez-vous fait de votre oncle et de Xavier ? demanda Mlle de Regbrenz lorsqu’il pénétra dans le salon.

— Ils vont à Bred’Languest, ma cousine, et je viens voir si Alix veut venir les rejoindre. Le temps s’est beaucoup adouci… Veux-tu, mon Alix ?

— Certes, s’écria-t-elle avec empressement. Je n’y suis pas allée depuis ton dernier séjour ici… Veux-tu demander ma cape à Mathurine ?

Quand la porte se fut refermée sur eux, Alix de Regbrenz murmura pensivement :

— Il veut lui parler seul à seul, sans doute pour lui révéler sa vocation. Celle-ci ne sera pas banale, j’en répondrais, et qui sait ce qu’elle va encore apporter de sacrifices à ma chère Alix ?

Sur la route menant de Ségastel au manoir, le frère et la sœur marchèrent quelque temps en silence. L’air vif rosissait les joues d’Alix, demeurées toujours pâles malgré sa santé excellente. Les soins de Mlle de Regbrenz, la vie paisible près de cette sainte amie, avaient contribué à la fortifier extrêmement, sans nuire en rien à sa beauté délicate. La vue seule demeurait perdue sans remède… ; néanmoins, pas un instant Alix n’avait laissé voir la plus légère impatience, pas une fois elle n’avait cédé à la mélancolie ou au découragement. Paisible et forte, elle était demeurée le conseil et le soutien