Page:Delly - Dans les ruines, ed 1978 (orig 1903).djvu/157

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chassée de Bred’Languest, il s’écria, tout joyeux, que rien ne m’empêchait plus désormais de devenir sa femme.

» Le cœur brisé, je lui déclarai que l’impossibilité existait plus encore qu’auparavant et, comme il me pressait de lui en dire les raisons, je laissai échapper l’humiliant secret qui rendait notre famille indigne de s’allier à la sienne.

» Alix, tu as peu connu M. de Sézannek, et moi-même, à cette époque, je n’avais pas pénétré ce caractère comme je le fais aujourd’hui. Au cœur le plus délicatement affectueux, à une intelligence vaste et brillante, sinon profonde, mon cher Philippe joint un esprit quelque peu superficiel, enclin à n’envisager jamais que le beau côté de ses déterminations, et cependant singulièrement ferme, attaché à ses affections, coûte que coûte… Ma révélation ne produisit pas sur lui l’effet foudroyant que je craignais. Il déclara que je voyais les choses trop en noir, mais que, dussent les fautes des miens être connues et publiques, il ne voyait là, au contraire, qu’une raison nouvelle pour me donner son nom au plus tôt, afin de m’enlever à ces souffrances et à ces humiliations.

» Voyant que je ne me laissais pas convaincre, il me dit, un jour :

» — Tenez, je vais vous faire connaître leur dernière machination, et vous me direz ensuite si vous n’éprouvez pas le besoin de vous mettre sous la protection d’un époux qui, jamais, ne souffrira que le plus léger soupçon vous effleure.

» En même temps, il me tendait une lettre couverte de l’écriture de ma sœur. Georgina l’informait que j’avais quitté à la nuit le manoir, emportant un portefeuille garni de valeurs. Je vous en prie, ajoutait-elle, tâchez de retrouver cette malheureuse