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contre Gaétane. L’affaire avait été habilement menée par Georgina… Car pas un seul instant le doute n’effleura l’esprit de la jeune fille. Elle savait à présent, par expérience, de quoi était capable la sœur de sa mère.

Maintenant, il lui fallait trouver des preuves à l’appui de son inéluctable croyance. Mathurine savait peut-être… mais, plus certainement, Alix de Regbrenz était au courant de tout. Dès le lendemain elle se rendrait à Ker-Neven, sûre que, devant les circonstances, la cousine d’Even parlerait enfin.

Peu après le départ d’Even, Mathurine se présenta, l’air soucieux, et apprit à Alix que l’état de Mme de Regbrenz devenait fort inquiétant. Son fils allait chercher le médecin.

Alix s’offrit pour passer la nuit, mais, miss Elson s’y opposant péremptoirement, elle dut gagner sa chambre. Aux sauvages harmonies du vent et de la mer déchaînés, elle se glissa dans son lit, mais bien tard le sommeil vint la visiter. En son âme se heurtaient deux sentiments puissants : la sainte allégresse du retour d’Even vers la vie morale, l’amertume de cette accusation pesant sur la tête de sa mère.



Profitant d’un léger mieux de sa grand-mère, Alix se rendit chez Mlle de Regbrenz qu’elle désirait interroger au sujet de sa mère. Sa cousine lui parla d’Even :

— Ainsi, Even est maintenant un oncle véritable ?

— Oui, ma cousine, j’ai désormais toute confiance en lui… Et cependant une ombre demeure entre nous. Oh ! cousine Alix, songez donc qu’il croit encore ma mère coupable de… de cette faute ! Sa bouche filialement respectueuse ne put pronon-