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VIII.


Le vent venu du large agitait sans relâche les arbres du parc. Le ciel devenait d’un gris sombre et, de la mer, montait un sourd grondement, prélude de tempête… Mais un calme relatif régnait dans le bosquet bien abrité adopté par miss Elson et ses élèves pour y passer les après-midi agités tels que ceux-ci, dans l’atmosphère vivifiante qui avait déjà fortifié les jeunes Parisiens.

Alix, penchée vers Xavier, lui expliquait une leçon — œuvre de patience, car le petit garçon, doué d’une vive intelligence, était, en revanche, extrêmement distrait et indolent… La jeune fille releva tout à coup la tête en sentant sur sa main une goutte d’eau.

— Voici la pluie, miss Esther, il faut rentrer, d’ailleurs le vent s’élève beaucoup.

Gaétan, qui dessinait sur une table voisine, leva vers le ciel assombri un regard mécontent.

— Attendons encore, Alix. C’est un nuage qui va passer, je t’assure.

— Vous pouvez rester avec moi, Gaétan, mais Alix et Xavier vont rentrer. Ils sont tous deux si sensibles aux variations de température qu’ils doivent user de précautions, déclara miss Elson.

La jeune fille ferma le livre et se leva. Dans ce mouvement, elle tourna un peu la tête, et une exclamation lui échappa.

Un groupe s’avançait vers eux, et, avant d’avoir