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Dont la profusion stérilement féconde
Enferme en un jardin les quatre parts du monde.
N’y cherchez pas non plus un oisif ornement,
Et sous l’utilité déguisez l’agrément.

La ferme, le trésor, le plaisir de son maître,
Réclamera d’abord sa parure champêtre.
Que l’orgueilleux château ne la dédaigne pas ;
Il lui doit sa richesse ; et ses simples appas
L’emportent sur son luxe, autant que l’art d’Armide
Cède au souris naïf d’une vierge timide.
La ferme ! à ce seul nom les moissons, les vergers,
Le règne pastoral, les doux soins des bergers,
Ces biens de l’âge d’or, dont l’image chérie
Plus tant à mon enfance, âge d’or de la vie,
Réveillent dans mon cœur mille regrets touchants.
Venez ; de vos oiseaux j’entends déjà les chants ;
J’entends rouler les chars qui traînent l’abondance,
Et le bruit des fléaux qui tombent en cadence.

Ornez donc ce séjour. Mais absurde à grands frais,
N’allez pas ériger une ferme en palais.
Élégante à la fois et simple dans son style,
La ferme est aux jardins ce qu’aux vers est l’idylle.