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Le gazon est plus vert, l’air plus frais ; les oiseaux
S’animent au doux bruit de la chute des eaux,
Et les bois inclinant leurs têtes arrosées,
Semblent s’épanouir à ces fraîches rosées.

Plus simple, plus champêtre, et non moins belle aux yeux,
La cascade ornera de plus sauvages lieux.
De près est admirée, et de loin entendue
Cette eau toujours tombante et toujours suspendue.
Variée, imposante, elle anime à la fois
Les rochers, et la terre, et les eaux, et les bois.
Employez donc cet art ; mais loin l’architecture
De ces tristes gradins, où tombant en mesure,
D’un mouvement égal, les flots précipités
Jusques dans leur fureur marchent à pas comptés.
La variété seule a le droit de vous plaire.

La cascade d’ailleurs a plus d’un caractère.
Il faut choisir. Tantôt d’un cours tumultueux
L’eau se précipitant dans son lit tortueux
Court, tombe et rejaillit, retombe, écume et gronde :
Tantôt avec lenteur développant son onde,
Sans colère, sans bruit un ruisseau doux et pur
S’épanche, se déploie en un voile d’azur.