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LES JARDINS

CHANT TROISIÈME


 
Je chantois les jardins, les vergers et les bois,
Quand le cri de Bellone a retenti trois fois.
À ces cris, arrachés des foyers de leurs pères,
Nos guerriers ont volé sur des mers étrangères,
Et Mars a de Vénus déserté les bosquets.
Dieux des champs, dieux amis de l’innocente paix,
Ne craignez rien. Louis, au lieu de vous détruire,
Veut sur des bords lointains étendre votre empire ;
Il veut qu’un peuple ami, trop longtemps opprimé,
Recueille en paix le grain que ses mains ont semé.
Et vous, jeunes guerriers qu’admire un autre monde,
Je ne puis vers York, sur les gouffres de l’onde
Suivre votre valeur ; mais pour votre retour
Ma muse des jardins embellit le séjour.
Déjà j’ordonne aux fleurs de croître pour vos têtes ;
Pour vous de myrtes verts des couronnes sont prêtes.