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Sœur, mère, épouse auguste ; enfin la destinée
Joint au deuil du trépas les fruits de l’hyménée,
Et mêlant dans tes yeux les larmes et les ris,
Quand tu perds une mère, elle te donne un fils.
D’autres, dans les transports que ce beau jour inspire,
Animeront la toile, ou le marbre, ou la lyre ;
Moi, l’humble ami des champs, j’irai dans ce séjour
Où Flore et les zéphirs composent seuls ta cour,
J’irai dans Trianon : là, pour unique hommage,
Je consacre à ton fils des arbres de son âge,
Un bosquet de son nom. Ce simple monument,
Ces tiges, de tes bois le plus cher ornement,
Tes yeux les verront croître, et croissant avec elles,
Ton fils viendra chercher leurs ombres fraternelles.

Enfin vous jouissez, et le cœur et les yeux
Chérissent de vos bois l’abri délicieux.
Au plaisir voulez-vous joindre encore la gloire ?
Voulez-vous de votre art remporter la victoire ?
Déjà de nos jardins heureux décorateur,
Ajoutez à ces noms le nom de créateur.
Voyez comme en secret la nature fermente ;
Quel besoin d’enfanter sans cesse la tourmente.