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LES JARDINS

CHANT SECOND


 
Oh ! si j’avois ce luth dont le charme autrefois
Entraînoit sur l’Hémus les rochers et les bois,
Je le ferois parler, et sur les paysages
Les arbres tout-à-coup déploîroient leurs ombrages.
Le chêne, le tilleul, le cèdre et l’oranger
En cadence viendroient dans mes champs se ranger.
Mais l’antique harmonie a perdu ses merveilles ;
La lyre est sans pouvoir, les rochers sans oreilles ;
L’arbre reste immobile aux sons les plus flatteurs,
Et l’art et le travail sont les seuls enchanteurs.

Apprenez donc de l’art quel soin et quelle adresse
Donne aux arbres divers la grâce ou la richesse.

Par ses fruits, par ses fleurs, par son beau vêtement,
L’arbre est de nos jardins le plus bel ornement.
Pour mieux plaire à nos yeux, combien il prend de formes !
Là, s’étendent ses bras pompeusement informes ;