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Ô plaines de la Grèce ! ô champs de l’Ausonie,
Lieux toujours inspirants, toujours chers au génie !
Que de fois arrêté dans un bel horizon,
Le peintre voit, s’enflamme, et saisit son crayon,
Dessine ces lointains, et ces mers, et ces îles,
Ces ports, ces monts brûlants et devenus fertiles,
Des laves de ces monts encor tout menaçants,
Sur des palais détruits d’autres palais naissants,
Et, dans ce long tourment de la terre et de l’onde,
Un nouveau monde éclos des débris du vieux monde !
Hélas ! je n’ai point vu ce séjour enchanté,
Ces beaux lieux où Virgile a tant de fois chanté ;
Mais, j’en jure et Virgile et ses accords sublimes,
J’irai ; de l’Apennin je franchirai les cimes ;
J’irai, plein de son nom, plein de ses vers sacrés,
Les lire aux mêmes lieux qui les ont inspirés.
Vous, épris des beautés qu’étalent ces rivages,
Au lieu de ces aspects, de ces grands paysages,
N’avez-vous au-dehors que d’insipides champs ?
Qu’au-dedans, des objets mieux choisis, plus touchants
Dédommagent vos yeux d’une vue étrangère :
Dans votre propre enceinte apprenez à vous plaire ;