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Un ruisseau s’égaroit, il dirige sa course ;
Il s’empare d’un lac, s’enrichit d’une source ;
Il veut ; et des sentiers courent de toutes parts
Chercher, saisir, lier tous ces membres épars,
Qui, surpris, enchantés du nœud qui les rassemble,
Forment de cent détails un magnifique ensemble.

Ces grands travaux peut-être épouvantent votre art.
Rentrez dans nos vieux parcs, et voyez d’un regard
Ces riens dispendieux, ces recherches frivoles,
Ces treillages sculptés, ces bassins, ces rigoles.
Avec bien moins de frais qu’un art minutieux
N’orna ce seul réduit qui plaît un jour aux yeux,
Vous allez embellir un paysage immense.
Tombez devant cet art, fausse magnificence ;
Et qu’un jour, transformée en un nouvel Éden,
La France à nos regards offre un vaste jardin !

Que si vous n’osez pas tenter cette carrière,
Du moins de vos enclos franchissant la barrière,
Par de riches aspects agrandissez les lieux.
D’un vallon, d’un coteau, d’un lointain gracieux,
Ajoutez à vos parcs l’étrangère étendue ;
Possédez par les yeux, jouissez par la vue.