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Beau lieu ! Fais son bonheur. Et moi, si quelque jour,
Grâce à lui, j’embellis un champêtre séjour,
De mon illustre appui j’y placerai l’image.
De mes premières fleurs je veux qu’elle ait l’hommage :
Pour elle je cultive et j’enlace en festons
Le myrte et le laurier, tous deux chers aux Bourbons.
Et si l’ombre, la paix, la liberté m’inspire,
À l’auteur de ces dons je dévouerai ma lyre.

J’ai dit les lieux charmants que l’art peut imiter ;
Mais il est des écueils que l’art doit éviter.
L’esprit imitateur trop souvent nous abuse.
Ne prêtez point au sol des beautés qu’il refuse :
Avant tout connoissez votre site ; et du lieu
Adorez le génie, et consultez le dieu.
Ses lois impunément ne sont pas offensées.
Cependant moins hardi qu’étrange en ses pensées,
Tous les jours, dans les champs, un artiste sans goût
Change, mêle, déplace, et dénature tout ;
Et, par l’absurde choix des beautés qu’il allie,
Revient gâter en France un site d’Italie.

Ce que votre terrein adopte avec plaisir,
Sachez le reconnoître, osez vous en saisir.