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Dans le premier de ces deux poèmes, le poète semble regretter que les bornes de son sujet ne lui permettent pas de chanter les jardins. Après avoir lutté longtemps contre les détails un peu ingrats de la culture générale des champs, il paraît désirer de se reposer sur des objets plus riants. Mais resserré dans les limites de son sujet, il s’en est dédommagé par une esquisse rapide et charmante des jardins, et par ce touchant épisode d’un vieillard heureux dans son petit enclos cultivé par ses mains.

Ce que le poète romain regrettoit de ne pouvoir faire, le père Rapin l’a exécuté. Il a écrit dans la langue et quelquefois dans le style de Virgile, un poème en quatre chants sur les jardins, qui eut un grand succès, dans un temps où on lisoit encore des vers latins modernes.

Son ouvrage n’est pas sans élégance ; mais on y désireroit plus de précision, et des épisodes plus heureux.

Le plan de son poème manque d’ailleurs d’intérêt et de variété. Un chant tout entier est consacré aux eaux, un aux arbres, un aux fleurs.

On devine d’avance ce long catalogue et cette énumération fastidieuse qui appartient plus à un botaniste qu’à un poète : et cette marche méthodique, qui seroit un mérite dans un traité en prose, est un grand défaut dans un ouvrage en