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Ses vertus en ont fait notre concitoyen.
Imitons notre roi, digne d’être le sien.
Hélas ! de quoi lui sert que deux fois son audace
Ait vu des cieux brûlants, fendu des mers de glace ;
Que des peuples, des vents, des ondes révéré,
Seul sur les vastes mers son vaisseau fût sacré ;
Que pour lui seul la guerre oubliât ses ravages ?
L’ami du monde, hélas ! meurt en proie aux sauvages.
Vous qui pleurez sa mort, fiers enfants d’Albion,
Imitez, il est temps, sa noble ambition.
Pourquoi dans vos égaux cherchez-vous des esclaves ?
Portez-leur des bienfaits et non pas des entraves.
Le front ceint de lauriers cueillis par les François,
La victoire aujourd’hui sollicite la paix.
Descends, aimable paix, si longtemps attendue,
Descends ; que ta présence à l’univers rendue,
Embellisse les lieux qu’ont célébrés mes vers ;
Viens ; forme un peuple heureux de cent peuples divers.
Rends l’abondance aux champs, rends le commerce aux ondes,
Et la vie aux beaux arts, et le calme aux deux mondes.