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Vous donc, n’y consacrez que des vertus tranquilles.
Loin tous ces conquérants en ravages fertiles :
Comme ils troubloient le monde, ils troubleroient ces lieux.
Placez-y les amis des hommes et des dieux,
Ceux qui par des bienfaits vivent dans la mémoire,
Ces rois dont leurs sujets n’ont point pleuré la gloire.
Montrez-y Fénelon à notre œil attendri ;
Que Sully s’y relève embrassé par Henri.

Donnez des fleurs, donnez ; j’en couvrirai ces sages
Qui, dans un noble exil, sur de lointains rivages
Cherchoient ou répandoient les arts consolateurs ;
Toi surtout, brave Cook, qui, cher à tous les cœurs,
Unis par les regrets la France et l’Angleterre ;
Toi qui, dans ces climats où le bruit du tonnerre
Nous annonçoit jadis, Triptolème nouveau,
Apportois le coursier, la brebis, le taureau,
Le soc cultivateur, les arts de ta patrie,
Et des brigands d’Europe expiois la furie.
Ta voile en arrivant leur annonçoit la paix,
Et ta voile en partant leur laissoit des bienfaits.
Reçois donc ce tribut d’un enfant de la France.
Et que fait son pays à ma reconnoissance ?