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J’aime à l’interroger, je me plais à le croire.
Des peuples et des temps il me redit l’histoire.
Plus ces temps sont fameux, plus ces peuples sont grands,
Et plus j’admirerai ces restes imposants.

Ô champs de l’Italie ! ô campagnes de Rome,
Où dans tout son orgueil gît le néant de l’homme !
C’est là que des débris fameux par de grands noms,
Pleins de grands souvenirs et de hautes leçons,
Vous offrent ces aspects, trésors des paysages.
Voyez de toutes parts, comment le cours des âges
Dispersant, déchirant de précieux lambeaux,
Jetant temple sur temple, et tombeaux sur tombeaux,
De Rome étale au loin la ruine immortelle ;
Ces portiques, ces arcs, où la pierre fidèle
Garde du peuple-roi les exploits éclatants ;
Leur masse indestructible a fatigué le temps.
Des fleuves suspendus ici mugissoit l’onde ;
Sous ces portes passoient les dépouilles du monde ;
Partout confusément dans la poussière épars,
Les thermes, les palais, les tombeaux des Césars,
Tandis que de Virgile, et d’Ovide, et d’Horace,
La douce illusion nous montre encor la trace.