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Et fait pour les plaisirs, et l’empire, et la gloire,
Aime, combat, triomphe, et chante sa victoire.
Vous aimerez à voir leurs jeux et leurs combats,
Leurs haines, leurs amours, et jusqu’à leurs repas.
La corbeille à la main, la sage ménagère
À peine a reparu ; la nation légère
Du sommet de ses tours, du penchant de ses toits
En tourbillons bruyants descend tout à la fois :
La foule avide en cercle autour d’elle se presse ;
D’autres, toujours chassés et revenant sans cesse,
Assiègent la corbeille, et jusques dans la main,
Parasites hardis, viennent ravir le grain.

Soignez donc, protégez ce peuple domestique.
Que leur logis soit sain, et non pas magnifique.
Que lui font des réduits richement décorés,
Le marbre des bassins, les grillages dorés ?
Un seul grain de millet leur plairoit davantage.
La Fontaine l’a dit. Ô véritable sage !
La Fontaine, c’est toi qu’il faudroit en ces lieux ;
Chantre heureux de l’instinct, ils t’inspireroient mieux.
Le paon, fier d’étaler l’iris qui le décore,
Du dindon rengorgé l’orgueil plus sot encore,