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Ah ! par les dieux des champs, que le luxe effronté
De ce modeste lieu soit toujours rejeté.
N’allez pas déguiser vos pressoirs et vos granges.
Je veux voir l’appareil des moissons, des vendanges.
Que le crible, le van où le froment doré
Bondit avec la paille et retombe épuré,
La herse, les traîneaux, tout l’attirail champêtre
Sans honte à mes regards osent ici paroître.
Surtout, des animaux que le tableau mouvant
Au-dedans, au-dehors lui donne un air vivant.
Ce n’est plus du château la parure stérile,
La grâce inanimée et la pompe immobile :
Tout vit, tout est peuplé dans ces murs, sous ces toits.
Que d’oiseaux différents et d’instinct et de voix,
Habitants sous l’ardoise, ou la tuile, ou le chaume,
Famille, nation, république, royaume,
M’occupent de leurs mœurs, m’amusent de leurs jeux !
À leur tête est le coq, père, amant, chef heureux,
Qui, roi sans tyrannie, et sultan sans mollesse,
À son sérail ailé prodiguant sa tendresse,
Aux droits de la valeur joint ceux de la beauté,
Commande avec douceur, caresse avec fierté,