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UNE NUIT DANS LA CITÉ DE LONDRES.

férents, de l’eau froide, de l’eau chaude ou de la vapeur. Quand la lessive est faite, de hauts séchoirs disposés en tiroirs verticaux, en nombre égal aux cases, permettent de suspendre le linge et de le sécher en quinze minutes, et enfin des planches sur toute la longueur de la chambre servent à le repasser. Les fers chauffent dans un poêle alimenté par le feu de la chaudière et sont prêtés gratuitement. De la sorte, un grand nombre de femmes nettoient en même temps tout leur linge, et cela pour la somme de un pence par demi-heure ou un pence et demi par heure.

L’établissement est ouvert de six heures du matin à neuf heures du soir, et grâce au ciel, il prospère. Tous les jours, baignoires et buanderie sont remplies, et sur les bancs qui bordent le corridor d’entrée, une foule de pauvres gens attendent souvent leur tour. Les frais sont payés ; et pour ce prix modique, une charité bien entendue est faite, et probablement bien des maux évités : cela vaut, je crois, beaucoup de sermons et de syllogismes !

Afin de continuer à me démontrer ce que peut obtenir de bons résultats une entreprise par association, mes inspecteurs me menèrent de là dans une maison modèle d’habitation pour des hommes seuls. Ces institutions ont pris là-bas un corps et fonctionnent supérieurement. Là, des ouvriers sont logés tous les soirs pour deux shillings et six pences par semaine, s’ils s’engagent à séjourner deux semaines dans l’établissement, pour trois schillings s’ils ne s’engagent que pour une seule.

De longs dortoirs à cellules parfaitement aérées, contenant chacune la place largement suffisante pour un lit, une chaise et des vêtements sont établis au premier étage ; ces dortoirs sont éclairés au gaz et d’une propreté remarquable ; derrière s’ouvre une chambre où les objets de toilette, l’eau en abondance et à discrétion, attendent les habitants passagers de ces demeures hospitalières. Au rez-de-chaussée s’étend un grand parloir central, également éclairé au gaz, avec des tables et des bancs où les ouvriers peuvent lire, jouer et fumer à leur aise ; à droite, une vaste cuisine où chacun fait lui-même son repas, avec des instruments fournis par l’établissement ; enfin à gauche une bibliothèque où il est défendu de fumer, présente aux plus assidus des livres spéciaux pour leurs professions, et d’autres, en tous cas, fort utiles pour leur instruction. J’ai été très-frappé de l’apparence tranquille et saine de ces salles ; il y avait à peu près une cinquantaine d’ouvriers en ce moment,