Page:Delessert - Une nuit dans la cité de Londres.djvu/23

Cette page a été validée par deux contributeurs.
17
UNE NUIT DANS LA CITÉ DE LONDRES.

d’être fermés depuis une demi-heure, mais en notre faveur un gros homme asthmatique ralluma le gaz et nous introduisit. Ici je vais un peu devenir pour vous un prospectus ; mais n’ayant aucun intérêt dans l’affaire, j’ai le droit des détails et de dire combien j’ai admiré l’ordonnance de la maison. Donner aux pauvres les moyens de conserver une propreté complète à la fois pour leur personne et leur linge, est une idée philanthropique de la bonne espèce. Assez de philanthropes s’occupent du salut des âmes, cela fait plus de bruit, coûte moins d’argent, et personne ne va vérifier les résultats de ces conversions si nombreuses. Mais les fondateurs de ces bains, ainsi que ceux des garnis modèles où j’ai été conduit ensuite, ont exécuté une œuvre bonne et profitable, et ont droit à une vraie reconnaissance.

Voici en peu de mots la distribution de la maison. Une grande chaudière placée au centre du bâtiment renferme l’eau nécessaire à la fois aux bains et à la lessive. Les baignoires sont chacune dans une cellule séparée, doublées en fer étamé ou en faïence, et d’une propreté parfaite ; des rebords en bois blanc ronds et sans cesse lavés à l’eau de savon, donnent un air de fraîcheur complète et inspirent la confiance. L’établissement fournit les instruments de toilette, et la durée de chaque bain est d’une demi-heure ; le prix fixé pour les bains de première classe est de six pences ou douze sous de France, et ceux de deuxième classe, de deux pences ou quatre sous ; or la seule différence entre ces deux classes de bains consiste en ce que dans la première on peut soi-même modifier le degré du bain, grâce à un système de robinet rond et tournant en deux sens, soit pour l’eau froide, soit pour l’eau chaude, tandis que dans la deuxième classe, il faut appeler pour un des hommes de service. Le cas échéant, je n’hésiterais pas pour mon compte à prendre les secondes classes, car je déclare n’avoir vu dans leur construction aucune différence quelconque avec les autres ; mais tel n’est pas le goût des habitués de l’endroit, et l’amour-propre aidant, ils se montrent bien plus amateurs des premières classes. Une ventilation bien ménagée au sommet de la toiture vitrée de la salle, permet de fournir une température égale et suffisamment chaude.

Passant de cette salle à la salle voisine, on se trouve dans une immense buanderie ; là, chaque femme a une case particulière avec un assez grand bassin où elle peut verser, grâce à trois robinets dif-