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leur mère, une sorte de crainte respectueuse et tendre. À sa nièce, au contraire, il n’en inspirait aucune. Quand elle le devinait de mauvaise humeur, elle tournait autour de lui, à distance, épiant le moment opportun pour se rapprocher. Il s’en apercevait et commençait à se rasséréner. Peu à peu la jeune fille s’avançait, lui demandait s’il était fâché contre elle, l’égayait avec un sourire, et finissait par lui sauter au cou en lui faisant mille cajoleries. Elle lui rappelait ainsi le beau temps de sa jeunesse, où ses enfants étaient petits et chevauchaient sur ses genoux. Paolo Velena pensait, comme tant d’autres, que le passé est plus beau que le présent.

Il aimait donc Anna tendrement, pour les souvenirs qu’elle faisait souvent revivre en lui, et déjà l’idée de la marier avec l’un de ses fils était enracinée dans son esprit. Cesario lui conviendrait mieux que son frère, parce qu’elle était une demoiselle.

Comme elle s’était transformée ! Où avait-elle pris son élégance, sa vivacité, ses manières parfaites ?

Paolo ne se rendait pas compte que tout venait de l’exquise bonté d’un être heureux