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tranges choses : de la morue frite et des noix, une salade, du thon à l’huile et du vin cuit pour tremper le pain. Les femmes, comme presque toutes les Sardes, buvaient très-peu devin.

Habituellement, après le repas les uns lisaient, les autres jouaient aux cartes : ce soir-là, personne ne voulut jouer, parce que le jeu de cartes, même sans pari, est considéré à Orolà comme un léger péché.

— Mais pourquoi ne veux-tu pas le rendre au désir d’Annicca ? demanda Maria Fara à son mari, quand ils furent dans leur chambre, et tandis qu’elle posait bien doucement Nennele endormi dans le grand lit blanc.

— Tu ne vois donc pas que c’est une petite fille délicate, une enfant ? Comment veux-tu qu’elle supporte la peine que donne le petit ? Elle a encore besoin de jouer et elle en a envie aussi, je crois. Et puis, le porterait-elle à la promenade, comme lait la bonne ?

— Pour cela il y a Rosa…

— Non, laissons les choses comme elles sont. Aujourd’hui Annicca parle ainsi, un