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Maria Fara revenait à ce moment ; elle fut, comme ses filles, émerveillée des cheveux d’Annicca, qu’on n’avait pas encore remarqués.

C’était, en effet, une belle tresse, grosse comme le poing de Sebastiano et longue de plus de trois palmes.

— Mon Dieu, Notre-Dame, je n’ai jamais vu la pareille !… disait Caterina. Elle en ferait cinq, vingt ou trente comme la mienne…

— Eh dis plus de mille, clama Antonino.

Chacun toucha la tresse d’Annicca pour ne pas lui mettre le mauvais œil, après avoir dit, selon l’usage : Dieu la bénisse ! La fillette en rougit de plaisir.

— Pourquoi ce petit crie-t-il ainsi ? demanda-t-elle encore, et elle se pencha sur le berceau pour embrasser Nennele.

— Mon Nennele, pauvre Nennele, dit Caterina, en caressant les petits pieds mignons et roses du bébé. Mon Dieu, il est tout mouillé, maman…

— Que veut dire Nennele ?

— Emanuele. Tais-toi, mon petit cœur. Viens, maman, vers Nennele…

Caterina le prit dans ses bras et l’enfant se mit à sourire d’une façon charmante.