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fleurs ; puis, la tête de Paolo attirait son attention, elle avait envie de lui demander pourquoi ses cheveux bruns étaient mêlés de fils d’argent, tandis que l’oncle Giacinto conservait encore les siens noirs comme l’aile d’un corbeau.

— Quel âge avez-vous ? lui demanda-t-elle tout-à-coup.

— Je suis très-âgé, dit-il, et un bon sourire éclairait son visage calme et un peu coloré, au fin profil, j’ai plus de quarante ans.

— Grand’mère en avait plus de soixante-dix.

Craignant que le souvenir de la défunte l’attristât de nouveau, Paolo détourna immédiatement la conversation et interrogea l’enfant sur ses études.

Annicca savait bien lire et écrire ; elle avait fréquenté pendant quatre ans l’école du village, et Paolo resta frappé de l’intelligence qu’elle montrait en rappelant les choses étudiées. Non, elle n’était pas si enfant que ses discours pouvaient le faire croire, ou du moins c’était une enfant spirituelle que son existence renfermée et triste n’avait pas rendue sauvage.