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son oncle, avec lequel pourtant elle babillait volontiers, lui demandant à chaque instant.

— Est-ce encore loin ? Mon Dieu, comme c’est loin !

Et elle poussait un soupir, un de ces bruyants soupirs d’enfants qui disent tant de choses.

Paolo lui répondait affectueusement.

C’était un homme bon et généreux, père de famille très-tendre et plein de dignité. En peu de jours la fillette lui avait inspiré une grande affection, et la croyant plus désolée qu’elle n’était en réalité, il avait toutes sortes d’égards pour elle. Il s’imaginait trouver sur son visage, plutôt un peu laid, une ressemblance marquée avec ses filles, surtout avec Caterina, sa préférée.

Durant le voyage il commença à lui dire quelque chose d’Orolà et de sa famille. Annicca ne se demandait point si elle serait bien accueillie, si elle ne causerait pas quelque embarras dans cette maison déjà assez peuplée et où chacun devait être très-affairé. Pour elle tout était clair et précis : on allait la recevoir avec joie et bienveillance.

Elle regardait les amandiers fleuris, désireuse d’aller cueillir un gros bouquet de ces jolies