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à la lettre les récits de Cesario et en éprouva même une secrète humiliation ; ensuite cela finit par l’ennuyer, il se moqua de son ami, s’amusa à le contredire, ils en vinrent à se quereller et ils se séparèrent froidement.

À souper, Cesario reprit son discours. Ses yeux brillaient derrière le binocle d’or et sa belle figure pâle représentait quelque chose d’inconnu et d’imposant, à cette table presque patriarcale. Nennele et Antonino restaient la bouche ouverte en le contemplant, et Maria Fara sentait de grosses larmes de tendresse et d’orgueil lui monter aux yeux.

Sebastiano lui-même paraissait un peu confus, mais il écoutait avec beaucoup d’intérêt la conversation de son frère. Seule, Anna souriait de temps en temps, sans rien dire, et l’expression de son visage avait le don d’irriter Cesario.

Elle regardait les grosses mains brunes de Sebastiano, puis les belles mains du causeur, plus fines et plus blanches que celles de Lucia elle-même. Les ongles, longs et rosés, tenus avec soin, qui prenaient de l’éclat à la lueur des bougies, attiraient aussi son attention, et elle ne pouvait s’expliquer ses impres-