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L’amaurose confirmée est très souvent précédée par l’amblyopie, et, par conséquent, elles ont alors la même étiologie. Quand elle est double, la perte de la vue est portée à un tel point, que les malades ne peuvent distinguer le jour de la nuit, et ils ont une physionomie particulière et caractéristique. Dans leur marche, ils ont l’air de tâtonner, portent la tête au vent, regardent les étoiles, ce que les Anglais indiquent par l’expression Star-gazing, les oreilles se meuvent constamment et semblent très attentives à percevoir les bruits. Les membres antérieurs se relèvent fortement, le centre de gravité est porté en arrière, ce qui indique qu’il exécute ses mouvements avec crainte, il y a de l’hésitation dans le poser des membres, et il est toujours prêt à éviter les obstacles qu’il pourrait rencontrer.

Lorsqu’ils sont attelés avec d’autres, ils paraissent plus rassurés et se laissent en quelque sorte conduire par eux, en prenant les mêmes allures autant que possible. Cela fait qu’il est plus avantageux de les utiliser ainsi.

Les chiens, rendus aveugles par cette maladie, s’aident beaucoup du nez pour se conduire et l’organe de l’odorat, qui est si développé dans l’espèce canine, peut être un puissant auxiliaire pour le diriger dans sa marche craintive.

La pupille, quoique immobile et pouvant se trouver resserrée, est le plus souvent dilatée et son ouverture présente ordinairement un contour ovalaire très régulier. D’autres fois, au contraire, ce contour est irrégulier, angulaire, offrant des déchirures dont les débris se meuvent lorsqu’on met en agitation l’humeur aqueuse par des pressions exercées sur le globe oculaire. Quand l’amaurose confirmée est déjà ancienne, on remarque quelquefois dans le fond de l’œil une teinte grisâtre ou verdâtre qui peut offrir de l’analogie avec celle du glaucome et peut aussi prendre