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étaient perçues, les autres ne l’étaient pas, comme si la rétine fut devenue d’abord insensible à certaines impressions. Si l’on n’a pas rapporté des observations analogues prises sur nos animaux, sur qui elles doivent naturellement aussi bien s’accomplir que sur l’homme, il faut l’attribuer à la difficulté de leur constatation sur des êtres qui ne peuvent exprimer les sensations qu’ils ressentent par la parole, dont ils ne sont pas doués ; et peut-être aussi doit-on faire la part du manque d’expériences.

L’amaurose incomplète peut encore être précédée par la kopiopie ou asthénopie, la diplopie, la nyctalopie, l’héméralopie, la mydriase et la sémiopie. Ces divers troubles disparaissent et, à leur place, il reste un affaiblissement de la vue qui peut augmenter insensiblement, jusqu’à la formation d’une amaurose complète.

Consécutivement à cette diminution partielle de la vue, l’animal prend des attitudes différentes. Lorsque cette diminution n’a lieu qu’après un certain temps d’exercice, voici ce qui s’observe : en sortant de son habitation, l’animal exécute ses mouvements sans hésitation ; les oreilles conservent leur position ou leurs mouvements normaux ; mais, dès que la fatigue a produit son effet, les appendices de l’organe auditif sont dans une agitation continuelle, se portant tantôt en avant, tantôt en arrière, en dirigeant surtout l’ouverture du côté d’où vient le bruit, pour suppléer par l’ouïe à la vue afin de se rendre compte des lieux et de la situation où il se trouve.

Il ralentit ses allures dans quelques circonstances, tend la tête, regarde avec beaucoup d’attention les objets qui l’entourent, s’arrête parfois, comme effrayé et ne reprend sa marche que quand il parait rassuré. D’autres fois, il rue et recule, n’osant pas se rapprocher de l’objet qu’il n’a pu