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avons recueillis et d’après ceux que nous avons observés par nous-même, il n’a jamais été constaté que les animaux qui sont logés dans des caves, que les bestiaux qui habitent des étables obscures, que les lapins qui vivent dans des tonneaux presque clos, soient plus exposés à l’amaurose que les animaux qui sont soumis à de meilleures conditions hygiéniques. Suivant une communication inédite que nous a faite, en 1849, feu Dormont, alors vétérinaire à Rive-de-Gier, les chevaux qui sont utilisés en grand nombre à l’exploitation des mines de charbon dans le bassin de la Loire, ne seraient pas exposés à l’amaurose lorsqu’ils revoient la lumière, chose du reste assez exceptionnelle, car ordinairement, une fois descendus dans les puits, ils n’en ressortent plus vivants. »

Voici, entr’autres, un fait très curieux qui tend à prouver que le cheval est moins impressionnable que l’homme, au passage brusque de l’obscurité à la lumière :

« Un cheval d’un puits de Rive-de-Gier était devenu incapable de rendre des services par excès d’usure. M. Dormont le fit sortir de la mine après onze ans de séjour dans sa profondeur. Dès qu’il revit le soleil, l’animal fit entendre à plusieurs reprises des hennissements de joie. On l’abandonna à lui-même afin de constater si sa vue n’était pas affaiblie ou abolie et s’il pourrait se guider.

« L’animal n’avait perdu ni la vue, ni la mémoire, il se rendit directement à son ancienne écurie et à la place exacte qu’il occupait onze ans auparavant, comme s’il ne l’avait quittée que depuis la veille.

« Pour ce qui est de l’influence de l’insolation et de la réflexion les rayons lumineux par la neige ou les sables, rien n’indique que les animaux y soient impressionnables.