Page:Delboulle - Les Fables de La Fontaine, 1891.djvu/97

Cette page n’a pas encore été corrigée

L’aigle et le hibou (V, 18).


Il n’y a point de père on de mère qui ne trouve ses enfants « mignons, beaux, bien faits», fussent ils laids cà faire peur : c’est ce que La Fontaine nous prouve par cette jolie fable. Eustaclie Deschamps, dans une de ses ballades, enseigne la même vérité, mais les circonstances du récit et les personnages sont différents.


Toute vérité n’est pas bonne à dire.


Regnart qui scet du bas voler
En yver trop grant fain avoit.
Mais viande ne pot trouver
Dont a bien pou qu’il ne mouroit.
Sur la singesse qui gisoit
Va Regnars li malicieux,
Et dit que moult sont gracieux
Ses enfans . Lors prist-elle a rire,
Et ot mangier délicieux :
Tuit voir ne sont pas bel a dire.



Quant saoulz fu, lors prist a troter.
Et Ysangrin venir le voit,
Uui de fain ne pouoit aler.
Et demande dont il venoit.
Certes, fist-il, je viens tout droit
De bien aise disner tous seulz
Sur la singesse, qui a deux
Singes très laiz ; alez y, sire,