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DE LA FONTAINE


Le choucas « ainsi vestu de plumes empruntées » paraît devant Jupiter et toute la race des oiseaux. Le Dieu allait le déclarer roi de la gent ailée « sans la chevêche » :

Elle qui ne se fie

En ses bons yeux et ne se glorifie
En sa beauté, s’approche du chucas.
L’éplucha bien : O le merveilleux cas !
Elle aperçoit la plume qui est sienne,
Crie et la prend :« chacun de vous s’en vienne
A ce larron, chacun recognoistra
Ce qui est sien, le beau roy devestra
De sa beauté». La cheveche escoutee
A grand risée a ce peuple aprestee.
Chacun y vient, sa plume reconoest,
Du bec la tire, et le chucas devest.
Le fin larron, despouillé du panage
Qu’il ha d’autruy par la cheveche sage,
De tout honneur demeura dénué,
Et son orgueil en mépris fut mué.

(Baïf, Poés. choisies, 286, Becq de Feuquières.)