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DE LA FONTAINE
L'ASTROLOGUE QUI SE LAISSE TOMBER DANS UN PUITS (II, 13).


Le sujet a été esquissé rapidement en quelques vers par Baïf. (Mimes, II, 202, édit. Blauchemain.)

Un de nuitc hauts cieux regarde
Et les astres : et par megarde
Dans une fosse creuse client.
Un passant l'oit qu’il se lamente,
Entend sa cheute et sa descente :
Et s’en rit quand la cause il sceut.
Tu es la fort bien par ta faute,
Toy qui levant la veue trop haute
Au-dessus de toy regardois
Curieux de chose couverte,
D’une fosse a tes pieds ouverte
Nonchalaunt tu ne te gardois.


Je scais bon gré a la garse milesienne, qui, voyant le philosophe Thales s’amuser continuellement a la contemplation de la voulte céleste, et tenir tousiours les yeulx eslevez contremont, lui meit en son passage quelque chose a le faire bruncher, pour l’adverlir qu’il seroit temps d’amuser son pensement aux choses qui estoient dans les nues, quand il auroit prouveu à celles qui estoient a ses pieds : elle lui conseilloit certes bien de regarder plustost a soy qu’au ciel ; car, comme dict Democritus, par la bouche de Ciceron :

Quod est ante pedes, nemo spectat : cœli scrutantur plagas.
(Montaigne, Essais, Il, 12.)