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LES FABLES


LES DEUX TAUREAUX ET LA GRENOUILLE (II, 4).


Dans la Doctrine curieuse des beaux esprits de ce temps, le P. François Garasse cite cette fable :

« Il est écrit dans les fables æsopiques de Phœdrus l’affranchy d’Auguste, qu’un jour les grenouilles voyant deux taureaux qui se battoient dans la prairie voisine de leur lac, commencerent a demener grande feste, mais il y en eut une plus sage et plus expérimentée que les autres, laquelle s’appercevant de la sotte joye de ses compagnes, leur dit en cholere : vous ne sçavez ce que vous faictes; et vous estes bien loing de vos contes, car la guerre de ces messieurs ne signifie autre chose que nostre mal’heur, d’autant que celuy d’entr’eux qui perdra son procès, vous fera payer les despens. »

Après quoi le Père Garasse tire cette conclusion tout à fait inattendue :

« J’ose dire qu’il est arrivé quasi le mesme en la dispute qui est entre les catholiques d’une part, et les heretiques de l’autre, touchant le nombre des livres canoniques de l’Escriture Saincte, car ces deux partys estant en querelle par un sujet de si grande importance, il y a des grenouilles semblables a celles de l’Anthologie, grenouilles de taverne, qui se noyent dans le vin, lesquelles démènent une grande