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DE LA FONTAINE



LE CORBEAU ET LE RENARD (I, 2).


Le corf porta un furmage en sa bouche, a ky le gopyl encountra ; ci dit : « Dieux ! com vous estez beal oysel, e ben seriez a preiser, si vous chauntassez auxi cler cum fist jadys votrepiere ! » Le corf fust joyous del loenge, si overi sa bouche pour chaunter, e perdy sonfurmage.« Va tu », dit le gopil, « assez en ai de ton chant ».

(Nicole Bozon, Contes moralisés, 15, A. T.)

 
O le corbaut nous endormons,
Par vaine gloire, a escouter
La louenge de noz vains noms.
Dont il se déçut par chanter ;
Son frommage en laissa aler ;
Renart le print, le corbaut tance
Qui le sien voit perdre et glanner
Par cuidier et folle plaisance.

(Eust. Deschamps, Œuv. , VI, 52. A T.)

Dans la ballade suivante du même poète le sujet est traité avec plus d’ampleur :

Renart jadis que grand faim destraignoit
Pour proie avoir chaçoit par le boscage,
Tant qu’en tracent dessur un arbre voit.
Un grand corbaut qui tenoit un frommage.
Lors dist Renars par doulz humble langaige :