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Et me fait boire dans son verre ?
Après avoir beu je desserre
Toutes mes ailes, & luy fais
Sur la teste un ombrage frais :
Puis je m’endors dessus fa lyre.
Mais luy, qui jour & nuict souspire
Pour ton amour, à tous les coups
Me fait rompre mon somme dous
De mille baisers qu’il me donne,
En me disant : Douce mignonne,
Las ! je t’aime : car je te voy
Vivre en servage comme moy.
Vray est que tu pourrois bien vivre
De ma cage franche & délivre.
Si tu voulois voler aux bois ;
Mais moy, fuitif, je ne pourrois
Vivre franc de la servitude
Où nostre geôlière trop rude
Sans espoir me tient arresté.
Mais adieu, c’est trop caqueté ;
Tu m’as rendue plus jazarde
Qu’une corneille babillarde.
Trop longuement icy j’attens :
Baille-moy response, il est temps.
 
(Ronsard, Odes, t. II, 265, Bibl. elz.)