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LA COLOMBE

Que t’en chaut ? Je suis l’aymee
D’Anacreon, envoyée
A Bathyl, trop plus grand de nom
Et de puissance que Prince
Qui soit en ceste province.
Venus pour cinq ou six vers
A mon maistre que je sers
Me vendit, en telle sorte
Que tu peux voir que je porte
Ses lettres, me promettant
Liberté, mais nonobstant
Avec mon aelle légère
Je feray la messagere
De ses amours pour jamais.
Que me vaudroit désormais
De voler par les montagnes,
Par les bois, par les campagnes,
Et sans celle me brancher
Sur les arbres pour chercher
Je ne scay quoy de champestre,
Pour sauvagement me paistre ?
Veu que je mange du pain
Becqueté dedans la main
D’Anacreon qui me donne
Du mesme vin qu’il ordonne
Pour sa bouche : & quand j’ay beu
Et mignonnement repeu
Sur sa telle je sautelle,
Puis de l’une & de l’autre aelle