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MEME SUJET
Pour boire, dessus l’herbe tendre,
Je veux sous un laurier m’estendre,
Et veux qu’Amour, d’un petit brin
Ou de lin ou de cheneviere
Trousse au flanc sa robe légère,
Et my-nud me verse du vin.
L’incertaine vie de l’homme
De jour en jour se roule comme
Aux rives se roulent les flots,
Et, après nostre heure dernière,
Rien de nous ne reslie en la bière
Que je ne fçay quels petits os.
Je ne veux, selon la coustume,
Que d’encens ma tombe on parfume,
Ny qu’on y verse des odeurs ;
Mais, tandis que je suis en vie,
J’ay de me parfumer envie
Et de me couronner de fleurs.
Corydon, va quérir ma mie.
Avant que la Parque blesmie
M’envoye aux éternelles nuits,
Je veux, avec la tasse pleine
Et avec elle, oster la peine
De mes miserables ennuis.
(Ronsard, Odes, t. II, i6i, Bibl. elz.)