Page:Delboulle - Anacréon et les Poèmes anacréontiques, 1891.djvu/34

Cette page n’a pas encore été corrigée

— 18 —


MEME SUJET


Pour boire, dessus l’herbe tendre,

Je veux sous un laurier m’estendre,

Et veux qu’Amour, d’un petit brin

Ou de lin ou de cheneviere

Trousse au flanc sa robe légère,

Et my-nud me verse du vin.


L’incertaine vie de l’homme

De jour en jour se roule comme

Aux rives se roulent les flots,

Et, après nostre heure dernière,

Rien de nous ne reslie en la bière

Que je ne fçay quels petits os.


Je ne veux, selon la coustume,

Que d’encens ma tombe on parfume,

Ny qu’on y verse des odeurs ;

Mais, tandis que je suis en vie,

J’ay de me parfumer envie

Et de me couronner de fleurs.


Corydon, va quérir ma mie.

Avant que la Parque blesmie

M’envoye aux éternelles nuits,

Je veux, avec la tasse pleine

Et avec elle, oster la peine

De mes miserables ennuis.


(Ronsard, Odes, t. II, i6i, Bibl. elz.)