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Mais il portoit arc turquois,
Longues ailes & carquois.
Je l’amène, je le chaufe,
Ses mains des miennes rechaufe,
Et, ses creins moites pignant
N’en cessoi l’eau épreignant.
Puis, quant plus n’en y eut goûte
Et l’humeur fut seiche toute :
« Çà, dit-il, faisons l’essai
De ce petit arc que j’ai.
Voyons si l’eau de l’orage
A ma corde a fait dommage. »
Il bende, & d’un trait adroit,
Au milieu du cueur tout droit,
Comme un Tan poignant m’afolle,
Puis me gaudissant s’envole.
« Adieu, dit-il, adieu donq
Mon ote, je ne vis onq
Ceste corde estre meilleure.
Mais plaie au cueur t’en demeure. »
(1559. Jean Doublet, Elégies, 120, édit. Blanchemain.


L’AMOUR MOUILLE

Il estoit minuict, & l’ourse
De son char tournoit la course
Entre les mains du bouvier.
Quand le femme vint lier