Page:Delboulle - Anacréon et les Poèmes anacréontiques, 1891.djvu/25

Cette page n’a pas encore été corrigée


- 9 -
Lorfque les membres lassez
En dormant font delassez,
Amour du beau traict qu’il porte
S’en vint heurter a ma porte.
« Qu’est-ce qui frappe a mon huis,
Ce dy-je, alors que je suis
En mon lit, où je sommeille ? »
Lors Amour qui tous jours veille
Respond : « Ouvre hardiment :
Enfant suis asseurément
Mouillé jusqu’à la chemise,
Et bien qu’ores ne reluise
La lune de ses beaux rais,
J’erre seul par l’ombre espais :
Ouvre donc, & n’aye crainte. »
Je pris pitié de sa plainte :
Allumant mon lamperon,
Je vey son double aelleron
Et sa trousse descouverte,
Si tort qu’eus ma porte ouverte.
Alors ce petit Archer
Vient au feu pour se secher :
Je rechaufe les mains siennes
Tout soudain entre les miennes,
Je pressure tout moiteux
L’humeur de ses blonds cheveux.
Si toit que sec il se treuve :
" Faison (me dift-il) espreuve
Si mon arc est point gasté."
Il le bande, & tout vousté,
Ainsi qu’un Tan il me jette
Droit au cœur une fagette,